LE SYMBOLISME ET PAUL DIEL

Paul Diel a mis au point une méthode de traduction des symboles en langage conceptuel qui lui a permis de déchiffrer les mythes ; ceux-ci se révèlent explicatifs du déroulement de notre délibération intime, de la naissance d’un désir jusqu’au choix et la prise de décision.


Les symboles ne sont certainement pas des affabulations de l’esprit, ni même des métaphores dont le rôle est d’utiliser une image pour densifier et provoquer un impact au niveau de notre compréhension ; ce sont des représentations qui nous racontent, qui déclinent notre fonctionnement psychique. Les symboles sont donc des représentations de notre réalité psychique. Paul Diel nous a ainsi légué une explication des mythes grecs et du mythe chrétien et ses explications sont rigoureuses car dénuées de spéculation : elles sont fondées sur nos archétypes et en cela elles revêtent un caractère anthropologique, donc universel.


Auparavant, les symboles entraient directement en résonance, sans qu’il y ait nécessité de les expliquer, dans une sorte de saisissement immédiat; à l’époque médiévale, une personne entrant dans une église romane était touchée par les sculptures des chapiteaux historiés ou des modillons ; il y avait un impact direct sur sa sensibilité ; ces symboles étaient édifiants. Puis vint l’époque moderne où le raisonnement s’est quasiment substitué à l’intuition, le contact direct avec la réalité des symboles est devenu inopérant, même si on peut toujours ressentir une certaine émotion lors de l’écoute du récit ou de la vue d’une image symbolique ; l’explication devient aujourd’hui nécessaire.


Les mythes se sont construits progressivement et leurs auteurs les ont conçus en distillant le parcours de notre délibération intime, ils découvrent notre géographie intérieure en le décrivant de manière imagée. Leurs récits, tel un deus ex machina, entrent en cohérence avec nous-mêmes et éclairent notre vie psychique ; en cela ils participent non seulement à sa compréhension mais donnent également des clés pour mieux l’harmoniser.


L’exemple du mythe de Prométhée nous montre à quel point la pensée utilitaire symbolisée par le rapt du feu auprès de Zeus représentant l’esprit, conduit à privilégier la réalisation des désirs multiples au détriment du désir essentiel, c’est-à-dire du désir d’évoluer vers plus de conscience. Dans ce mythe, Prométhée choisit l’exaltation des désirs matériels et la boîte de Pandore en s’ouvrant les libère et il en oublie le sens de la vie. Prométhée se retrouve enchaîné à la terre, à ses désirs terrestres non harmonisés. L’aigle, symbole de lucidité lui ronge le foie, le remords s’installe mais Prométhée est un homme en colère, il reste enchaîné tant qu’il ne comprend pas son erreur vitale. C’est lorsque cesse enfin l’accusation et que naît le regret salutaire que Prométhée se réconcilie avec Zeus, avec l’esprit.


Paul Diel explicite avec davantage de détails le mythe de Prométhée, mais dans les grandes lignes il nous révèle quels peuvent être nos choix, autant dans nos possibilités de changement à plus ou moins long terme, que dans nos délibérations quotidiennes.


La force d’un symbole est qu’il intensifie notre présence au monde, il nous aide à sortir de l’illusion pour vivre de manière plus sensée, plus religieusement aussi, non pas en adoptant un quelconque dogmatisme, mais en étant davantage « relié » au mystère de la vie et en donnant un sens à notre existence.


La méthode de traduction des symboles s’applique également aux rêves. L’univers onirique est révélateur de l’inconscient et traduire les rêves en déchiffrant les symboles qu’ils véhiculent contribue à clarifier les situations concrètes de l’existence. Le thérapeute de la Motivation utilise fréquemment ces traductions qui sont un langage, un mode d’expression très utile dans un cheminement thérapeutique.


Se laisser saisir par les symboles et leurs explications selon l’approche proposée par Paul Diel provoque non seulement l’enthousiasme, mais nous donne également les moyens d’agir sur notre vie.

Christian Merle