Eclairage sur le quotidien
Séminaire de la motivation 2009

« Vie quotidienne », trop souvent, ces deux mots évoquent la monotonie, un déroulement temporel sans éclat, comme si la réalité « quotidienne » éteignait l’exubérance de la « vie ». À strictement parler il n’y a de vie que quotidienne, mais l’habitude est prise de nommer « quotidien » ce qui, précisément, relève de l’habitude en opposition à l’exceptionnel, au transgressif, à l’aventureux. L’habituel ne jouit pas du même prestige que l’aventure, mais que reproche-t-on au juste au quotidien ? Son caractère répétitif ? Mais on peut aimer la répétition, si elle n’est pas l’éternelle reproduction du même, mais la reprise journalière d’un chantier que l’on fait progresser: entreprise, oeuvre, éducation, relations interpersonnelles.

Plus généralement, le développement, l’actualisation des potentialités, tant du monde extérieur que du monde intérieur demandent patience et régularité et il dépend de nous que la régularité ne verse pas de l’inévitable habitude dans l’indésirable routine. Le reproche fait au quotidien, c’est qu’il nous retient prisonniers de mille petites mesquineries, frottements irritants, réactions rentrées, rêves inassouvis. Ce qui fait sa grisaille, ce n’est pas le retour périodique du même ou de l’analogue, mais à doses souvent minimes, celui du non résolu qui paraît insoluble, de l’inquiétant qui semble inapaisable, du décourageant qui se prétend insurmontable. C’est la juxtaposition de micro-traumatismes et non l’ennui du prévisible qui fait du quotidien un système de contraintes dont on voudrait s’évader. Mais ce quotidien qui nous replace avec insistance face à nos manques se révèle, par là même être le laboratoire où nous est offerte la possibilité d’étudier les toxines et de préparer les antidotes.

Conditions et signes de bonne maturité, la connaissance de soi, le sens de la responsabilité et la sociabilité peuvent y trouver leur meilleur terreau. Les relations interpersonnelles, familiales et sociales, sources de plaisir et/ou de déplaisir, de joies et/ou de souffrances ne se comprennent qu’en tant qu’elles sont sous-tendues par des motivations qui souvent affleurent au conscient sans pour autant faire l’objet de la reconnaissance et de l’attention qui seraient nécessaires pour que les unes perdurent et que les autres s’atténuent.
Dr Cyrille CAHEN

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