Séminaire annuel mars 2011 (suite 2)
Bilans d'ateliers

Dialogue socratique et créativité

Christian Merle, Odile Leclerc

L’objectif de cet atelier est de faire émerger chez les participants d’autres caractéristiques de leur identité non encore révélées, présentes mais non encore exprimées, en utilisant une méthode basée sur la maïeutique.
L’idée est que l’atelier lui-même, dans l’ici et maintenant, devienne un espace de créativité qui, ainsi défriché, découvre en chacun le champ de ses possibilités auxquelles il n’a pas encore eu accès.
La démarche est une dynamique qui permet l’accession à cet endroit de soi-même où se situe la fécondité. Elle se déroule selon un processus inspiré de la maïeutique et notamment du Ménon de Platon :
1- se dégager de ses certitudes, de ses définitions intellectuelles, issues de l’apprentissage, ainsi que des injonctions ou disqualifications familiales ou sociétales.
2- Il n’y a pas de questions à sens unique, elles s’adressent aussi bien aux participants qu’à celui qui les pose.
3- Respecter la période de doute qui s’installe et qui signifie qu’un changement de perspective, d’attitude, se précisent à la conscience.
4- Faire confiance à l’anamnèse qui stipule que chacun « se souvient » de son identité la plus profonde et dont les éléments refont surface.
5- Utiliser la reformulation analogique avec l’objectif de clarifier ce qui s’exprime.

Pour dynamiser une telle démarche, nous avons pris l’option d’approcher progressivement l’identité de chacun en nommant ce qui le rend heureux dans le vécu quotidien, en identifiant le mode d’expression de sa créativité quotidienne et en recherchant également les activités dans lesquelles, au cours de l’enfance, chacun se sentait pleinement investi. Chacun a pu ainsi entrer dans la narration de son style de vie.
Ayant accédé ainsi a une dimension plus intérieure de la personne, une deuxième phase a permis de mettre à jour les injonctions, les règles, les comportements familiaux qui ont pu être disqualifiant et qui ont finalement empêché le développement de ses forces, compétences et de ses désirs les plus chers, c’est-à-dire de ceux qui ont le plus de valeur et qui constituent le socle d’airain de la personne.
Le travail de groupe permet de transformer tous les désirs en valeurs, travail très riche puisque nous ne soupçonnons pas à quel point un seul désir peut faire appel à plusieurs valeurs exprimées par le groupe. Chaque valeur est ensuite mise au travail pour en donner une définition et non pour en donner des exemples ou des qualificatifs.
Le groupe a ainsi choisi une valeur parmi toutes celles qui ont été exprimées, mais les circonstances ont fait que se sont associées dans ce groupe deux valeurs : la liberté et l’amour ; chacun a pu ensuite trouver dans sa vie des exemples concrets les illustrant. A partir d’un de ces exemples, toutes les assertions correspondant à ces valeurs ont été exprimées et listées.
En dernière analyse, la créativité ne consiste-t-elle à se révéler en permanence à soi-même, en libérant une phrase comme celle-ci parmi d’autres : « La vie est en moi et je suis sa dynamique ».