Amour-propre
Des choses connues depuis le commencement du monde

Déménagement dans l’inconscient ! Bruno Viard propose d’y placer les blessures de l’amour-propre en lieu et place du sexe et de l’Œdipe. Il en appelle pour cela aux traditions les mieux établies de l’humanité : le tao, le Mahabharata, l’Iliade, l’Évangile, Montaigne, les psychanalystes du xviie siècle, Rousseau, Tocqueville et le grand méconnu de la psychologie moderne : Paul Diel. Où l’on voit que les blessures d’amour-propre  commandent les vicissitudes de la sexualité.
L’amour-propre surdéterminant largement l’appétit des biens matériels autant qu’il surdétermine le désir sexuel, la psychanalyse se trouve décloisonnée et peut enfin communiquer avec la sociologie. Aussi Marcel Mauss occupe-t-il la meilleure position pour servir de pont entre ces disciplines puisqu’une psychologie de la reconnaissance (amour-propre) est sous-jacente à la sociologie du don.
On aboutit ainsi à une anthropologie synthétique de forme triangulaire qui récuse l’hégémonie sexualiste freudienne comme l’hégémonie matérialiste marxiste, mais aussi l’hégémonie du seul amour-propre selon René Girard.
 
Bruno VIARD, spécialiste de la littérature romantique et des idées sociales au xixe siècle, est Professeur de littérature française à l’université d’Aix-Marseille. Il collabore à la revue Psychologie de la motivation et à la Revue du MAUSS. Il a publié notamment : À la source perdue du socialisme français, Desclée de Brouwer ; Les trois neveux ou l’altruisme et l’égoïsme réconciliés (Pierre Leroux, Marcel Mauss, Paul Diel), PUF ; Anthologie de Pierre Leroux. Inventeur du socialisme, Le Bord de L’eau.