Retour sur le "Burn out"
Retour sur cette soirée avec Isabelle Canouï

1- La souffrance des soignants en relation d’aide est un phénomène complexe, c’est la rencontre d’un individu et d’une situation qui la crée. Mais chaque individu et chaque situation sont eux aussi complexes ; les individus sont inégaux, dans leur ajustement émotionnel, face au stress chronique au travail. Le burn out se manifeste par un épuisement émotionnel, par le sentiment d’être vidé, de se déshumaniser dans sa relation à l’autre et par un sentiment d’échec et d’inutilité.

Il s’agit de distinguer dépression et burn out : dans le premier cas tous les pôles de la vie de l’individu sont touchés et la dévalorisation de soi-même s’étend sur tous les domaines ; dans le burn out, seul le travail professionnel est un problème au départ.

Comment remédier à cette souffrance au travail : en augmentant sa hardiesse, en équilibrant temps pour soi et temps pour l’autre, en rééquilibrant réussite intérieure et réussite extérieure.

2- Le témoignage d’Odile Leclerc est venu corroborer l’exposé théorique de Pierre Canouï. Il fut très parlant et particulièrement émouvant et clair.

Tout peut commencer un beau matin quand on se sent dans l’impossibilité de remplir sa tâche de la journée. Le sentiment est d’être brûlé de l’intérieur, de ne plus avoir de carburant. Odile Leclerc a trouvé dans son médecin généraliste une aide précieuse ; il a fort bien posé le diagnostic.

L’explication qu’a faite Odile Leclerc de sa souffrance est à mon sens très parlante : elle explique, dans un premier temps avoir fait de l’investissement dans sa vie professionnelle de psychologue-psychothérapeute un écran à sa vie personnelle. Il lui a donc fallu rééquilibrer et distinguer ces deux domaines de sa vie. L’aide apportée aux autres n’est pas suffisante pour traiter ses propres problèmes. Odile Leclerc insiste également sur le fait que la mentalisation excessive nous coupe de nos sensations physiques, de nos émotions et nous emmène dans un tourbillon infernal qui aggrave nos problèmes tout en croyant trouver des solutions.

3- Isabelle Canouï apporte un témoignage sur la souffrance des enseignants qui s’amplifie depuis quelques années. La charge de travail s’est considérablement accrue, comme en médecine d’ailleurs, car le renouvellement des postes ne s’effectue pas assez largement. La plupart des collègues du secondaire et à l’université sont en heures supplémentaires.

Par ailleurs le profil de l’enseignant est celui d’un individu souvent perfectionniste et très investi : Diel parlerait de tâche exaltée.

Il est heureux que la formation des maîtres soit rétablie dans les ESPE qui prennent le relais des IUFM car la plupart des très jeunes enseignants ont démarré leur carrière ces dernières années sans un soutien suffisant et en grande détresse.

La particularité de ce métier est que l’attelage constitué par les enseignants, les parents et les élèves ne tire pas souvent dans le même sens : les parents rêvent d’une réussite intellectuelle remarquable pour leur enfant, les enseignants sont souvent débordés par des élèves très difficiles et les dits élèves ont du mal dans un système scolaire pesant.

Comment éviter le sentiment d’échec au travail et l’épuisement qui va avec. Un témoignage ne peut pas envisager toutes les solutions, loin s’en faut, mais Isabelle Canouï a parlé du partage des responsabilités : les parents ont la tâche d’éduquer leur enfant et de faire en sorte que déjà avant la scolarisation, il entre dans une certaine rétention par rapport au jeu ; les enseignants ont pour tâche d’enseigner leur discipline dans un cadre favorable à l’apprentissage : la fermeté et la bienveillance sont les qualités fondamentales de l’enseignants. Et enfin l’élève devra prendre la responsabilité de son apprentissage, soutenu en cela par ses parents et ses maîtres.


Dans le débat qui a suivi, les questions, les remarques, voire les expressions de désaccord sur la fonction des maîtres ont été nourries.

Cette soirée fut très vivante et augure bien des suivantes !

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Sont intervenus Pierre Canouï, psychiatre et spécialiste du burn out des soignants, Odile Leclerc, psychologue-psychothérapeute et Isabelle Canouï, enseignante et psychopraticienne.