J’ai lu d’une traite et comme un roman, l’essai de Sevim Riedinger, Le monde secret de l’enfant.

L’enfant que je fus a été attirée par la première de couverture d’un bleu intense de ciel d’été, joliment illustrée d’une cage de laquelle s’envole l’oiseau, auparavant captif.

C’est un essai « à sauts et à gambades », selon l’expression de Montaigne qui image ainsi l’écriture de ce genre littéraire : si la réflexion est clairement construite par chapitres délimités, la fluidité de la pensée, très adaptée au monde de l’enfance, est constante et très agréable. L’on passe ainsi de l’oiseau bleu d’Alicia, variante de l’oiseau jaune de la couverture, à la coccinelle d’Elodie, du vent d’Hugo au mystère de la clé d’Octave.

C’est un essai poétique par son écriture qui arrive à rendre compte de la puissance créatrice de l’enfant, poète au sens grec du terme.

C’est aussi un roman, _ Sevim Riedinger emploie le mot « récit » d’ailleurs_, nous embarquant dans des aventures multiples de personnages réels, _ enfants et parents_, qui rêvent et construisent leur avenir au prix d’une confrontation avec leur réalité douloureuse. Un roman policier parfois car la psychologue qu’est son auteur cherche, telle une enquêtrice, les indices cachés, refoulés, masqués de la souffrance des enfants pour les aider à la surmonter.

C’est enfin, à travers de parcours individuels, une méditation sur le sacré, cette dimension trop oubliée de nos vies, qui est cet émerveillement devant la profondeur mystérieuse de l’existence, cet enthousiasme_ dieu en nous dit la langue grecque_ qui nous permet, tel l’enfant, de nous élancer pour nous trouver de mieux en mieux.

Cet essai n’est jamais dogmatique mais nourri d’une longue expérience, de lectures et de connaissances vraiment incarnées.

Il s’adresse à chacun de nous, enfants devenus parents et grands-parents et il nous entraîne d’un pas allègre sur les chemins de la vie.

Le monde secret de l'enfant. (paru le 30 mai 2013) aux éditions montparnasse - Carnets Nord